2020-01-13

Last ChristMas In Europe?


« Je suis fils de l’Eglise »,
aime dire le pape pour signifier son amour pour l’institution. Certains, en son sein même, le comparent à Mikhaïl Gorbatchev. Comme si l’Eglise catholique avait besoin de faire craquer ses structures pour survivre aux crises existentielles qui la menacent. Comme si ce combat-là n’était nullement gagné d’avance.

Se réformer ou périr : le dilemme de l’Eglise
ÉDITORIAL
Le Monde

Editorial. Le pape François est convaincu de la nécessité d’un changement profond pour sauver l’institution. Or sa volonté de réforme se heurte aux résistances internes mais aussi à ses propres réticences à faire évoluer certains traits structurant l’Eglise catholique.

Le pape François est convaincu de la nécessité d’un changement profond pour sauver l’institution. Or sa volonté de réforme se heurte aux résistances internes mais aussi à ses propres réticences à faire évoluer certains traits structurant l’Eglise catholique.

Editorial du « Monde ». Pour une fois, le qualificatif n’est pas excessif : la crise que traverse l’Eglise catholique est historique. En son sein même, nombreux sont ceux qui comparent son ampleur à celle de la réforme protestante. Plusieurs facteurs se conjuguent pour ébranler une institution qui s’est coulée, à sa naissance, dans le moule de l’Empire romain. Presque achevée, la sécularisation de l’Occident a fait disparaître l’idée d’un centre chrétien doté de la mission d’évangéliser le reste du monde. « Nous ne sommes plus en chrétienté », a résumé le pape François lors de ses vœux à la curie romaine, samedi 21 décembre.

Même là où elle est en expansion, comme en Afrique et en Asie, l’Eglise catholique subit la concurrence puissante des Eglises pentecôtistes qui taillent aussi des croupières à son bastion latino-américain (40 % des catholiques du monde). Les révélations sur les violences sexuelles contre des mineurs et des femmes ne sont pas près de se tarir. Elles ont pour conséquence une chute des ressources non seulement du Vatican, mais aussi des Eglises locales, notamment en France, avec la baisse des dons.

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Elu dans une atmosphère d’urgence, le pape François est convaincu de la nécessité d’un changement profond pour sauver (au sens profane, du moins) l’Eglise catholique. Samedi, il a cité Giuseppe Tomasi di Lampedusa pour convaincre la curie qu’il faut que « tout change » pour que « tout reste tel quel ». De fait, depuis 2013, il pousse son Eglise, volens nolens, à se réformer dans plusieurs registres. Alors que ses deux prédécesseurs avaient placé les questions de mœurs au premier plan de leur prédication, François plonge au cœur des préoccupations contemporaines avec ses discours marquants sur la crise climatique, la critique du capitalisme financier et la défense des migrants.

Après avoir longtemps négligé le problème, il s’est résolu à écouter les victimes de pédophilie et a commencé à modifier des règles de traitement des affaires par la hiérarchie. A Rome, il s’applique à rationaliser le gouvernement de la curie, notamment en matière économique, à bousculer la tendance conservatrice de l’administration. « Dans la tension entre un passé glorieux et un futur créatif et en mouvement, il y a le présent où se trouvent des personnes qui, nécessairement, ont besoin de temps pour acquérir la maturité », a-t-il encore dit samedi.

Scandale financier
Pourtant, François le réformateur semble parfois s’arrêter au milieu du gué, pour des raisons où se mêlent les résistances au changement dans son entourage et des réticences de sa part à faire évoluer certains traits structurant l’Eglise catholique depuis des siècles. Confronté à des guerres internes à la curie dans le scandale financier en cours au Vatican, il affaiblit la cellule antiblanchiment qui avait contribué à assainir les circuits financiers du Saint-Siège. Il dénonce sans relâche le cléricalisme, mais les laïcs continuent d’être tenus en lisière des plus hautes fonctions curiales. Idem pour les femmes, alors qu’il réclame pour elles une plus grande participation. Quant au sacerdoce, clé de voûte d’une structure fondée sur le monopole des sacrements, François envisage de l’ouvrir exceptionnellement à des hommes mariés, mais pas aux femmes.

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